Episode 3

J’aperçus un halo de lumière devant moi et fus éjectée du tunnel sans douceur, terminant ma chute contre Jose, si brutalement que je l’entraînai rouler contre la pierre froide avec moi.
JOSE : Hé !
VISALA : Aïe, tu m’as mis un coup de pied !
JOSE : C’était un accident ! Et ça ne serait pas arrivé si tu ne m’avais pas foncé dedans !
VISALA : Qu’est-ce que tu fichais devant la sortie du toboggan, aussi ?!
JOSE : Je refaisais mon lacet, puisque tu veux tout savoir !
J’allais répliquer lorsque Husker nous tomba dessus, me mettant lui aussi un coup de pied dans la tête.
HUSKER : Merci d’avoir amorti ma chute les gars, mais Cavil était juste derrière moi, donc je me pousserais si j’étais vous.
Nous obéîmes rapidement, oubliant notre querelle, et nous tournâmes vers la sortie du tunnel, attendant le cadet Dimzad qui ne semblait étrangement pas arriver.
HUSKER : Au passage je crois que ton arc m’est rentré dans le ventre.
VISALA : Mauviette.
Impatient, Jose enfonça sa tête dans le tunnel et hurla à plein poumons les noms de nos compagnons introuvables :
JOSE : Cavil ! Flux ! Bougez-vous, on s’ennuie ici !
HUSKER : Maintenant que j’y repense, je crois bien avoir aperçu un croisement vers le milieu de la descente.
VISALA : Il faisait complètement noir, comment as-tu vu quoi que ce soit ?
Pour toute réponse, il tira sur son cigare qui semblait ne jamais rétrécir, éclairant très faiblement son visage souriant.
VISALA : C’était principalement rhétorique comme question.
JOSE : Rhéto quoi ?
HUSKER : Je vous expliquerai un jour. Mais pour le moment, allons trouver ce trésor.
VISALA : Et Cavil ? Et Flux ?
HUSKER : Eux aussi, oui.
Je sortis de mon sac à dos une lampe de poche que j’allumai en prenant la tête de notre petit groupe, avançant prudemment vers la sortie de la pièce dans laquelle nous avions atterri.
Empruntant un long corridor taillé dans la roche probablement des siècles plus tôt, nous débutâmes notre exploration hasardeuse dans un silence qui ne pouvait pas durer bien longtemps en compagnie de mes deux amis.
JOSE : Tu te souviens du temple dans la jungle, Visala ? Tu sais, avec les zombies. Ca me rappelle un peu ça.
VISALA : Oh, ce temple, j’ai failli le confondre avec un autre temple poussiéreux. Oui, ça me revient maintenant...
Jose se tourna vers Husker, l’air vaguement confus.
JOSE : Je crois que c’était du sarcasme. Elle fait ça des fois...
HUSKER : Vous ne m’avez pas raconté cette histoire.
JOSE : Vraiment ? Tu en es sur ?
HUSKER : Ca ne ressemble pas au genre d’anecdote que j’aurais facilement oubliée, Jose...
VISALA : Est-ce que c’est vraiment le moment ?
HUSKER : Oh, excuse-moi Visala, je ne pensais plus à notre emploi du temps si chargé. Où est donc passé mon sens des priorités ? Pourquoi me raconter quelque chose d’un minimum intéressant alors que ce couloir est déjà si captivant ? Du moins, je suppose, puisque je ne vois pas à un mètre devant moi.
VISALA : Tu as fini ? Je voulais surtout dire qu’il était peut-être plus prudent de rester discrets.
JOSE : Pourquoi ? Roxane n’est même pas là, c’est la seule qui aime faire ce genre de chose...
VISALA : Justement, c’est certainement ce qu’elle dirait à ma place. On ne sait jamais, nous ne sommes peut-être pas seuls.
Husker pouffa brièvement de rire.
HUSKER : Oh, c’est trop mignon. Tu essayes de la remplacer !
VISALA : Je vais te frapper, Husker.
HUSKER : Haha, on croirait presque entendre la vraie ! Adorable !
VISALA : Jose, dis quelque chose !
JOSE : Husker, arrête de te moquer d’elle. Tu es injuste. Elle est beaucoup moins sérieuse que Roxane.
Je restai pensive quelques instants, me demandant si je devais prendre cela comme un compliment ou me sentir insultée.
HUSKER : Elle tape aussi surement moins fort.
JOSE : Oui, aussi.
VISALA : Je vous déteste...
HUSKER : Qui pourrait nous entendre de toute façon ? Il n’y a personne ici à part nous !
VISALA : Est-ce que je suis la seule à avoir vu le monstre qui nous a servi de toboggan ?
JOSE : C’était un serpent. Les monstres n’existent pas.
VISALA : Oh, vraiment ? Alors comment tu expliques ce qui nous a attaqué dans le temple à X’arnas ?
JOSE : Ce n’étaient pas des monstres, mais des zombies. Ce n’est pas la même chose.
VISALA : Donc les zombies existent, mais pas les monstres ?
JOSE : Apparemment.
HUSKER : J’ai vraiment envie d’entendre cette histoire maintenant...
JOSE : De toute façon c’était un serpent mort. J’ai vérifié. Alors aucune raison de s’inquiéter.
Une voix grave et inconnue vint très ironiquement mettre fin à notre conversation, accompagnée par le maintenant très familier son du chargement d’une arme à feu.
VOIX : Tiens, tiens, tiens...
Je poussai un soupire, levant lentement les mains, vite imitée par Husker. Jose n’avait peut-être pas encore compris ce qui nous arrivait.
VISALA : Qu’est-ce que je disais ?
HUSKER : Ok, ok, tu avais raison... Tu es contente ? C’est fou ce que tu lui ressembles...
JOSE : J'ai eu peur au début à cause de la voix grinçante et insupportable, mais c'est juste un orc, pas Flux.
La silhouette agita son fusil sous le nez de Jose, haussant le ton d’un air un peu irrité, une réaction commune face à l’indifférence du Meastien dans ce genre de situation.
LUI : Et qu'est-ce que tu veux dire par là ?
JOSE : Non, tu n'as pas compris, c'était un compliment pour toi. Ta voix est comme de la torture pour mes oreilles, mais au moins tu n'es pas Flux.
LUI : Tu te moques de moi ?
HUSKER : Non, il est juste un peu lent. Si tu nous disais ce que nous pouvons faire pour toi mon brave homme ?
JOSE : Orc. C'est pas tout à fait pareil.
LUI : Vous pouvez vous dépêcher de me dire ce que vous foutez ici avant que je vous descende tous par précaution.
Il afficha un sourire légèrement dérangeant en dévisageant Jose.
LUI : Et un peu par plaisir aussi.
Husker ouvrit la bouche, certainement prêt à empirer la situation, mais s’arrêta net, le regard confus. Je me tournai pour faire face à notre assaillant mais adoptai à mon tour un air hébété en le voyant tomber mollement à nos pieds sans un bruit, faisant place à une autre silhouette à peu près identique appartenant, comme Jose nous le ferait certainement vite remarquer, à un autre orc.
JOSE : Un autre orc ! Quelle journée...
LUI : Mon nom est Tarrus. Suivez-moi, vite. Vos amis sont en danger.
JOSE : Bigot !
Je me tournai vers Jose, me doutant qu'il pensait à autre chose.
VISALA : Quoi ?
TARRUS : Il vient de réaliser que vous avez oublié la liqueur dans la voiture.
HUSKER : Une seconde, tu nous espionnes ?!
TARRUS : Je vous surveille. On m’a envoyé ici pour vous protéger.
VISALA : Nous protéger ? De ce type ?
TARRUS : De ces types.
VISALA : Il y en a d’autres ? Combien ? Et qu’est-ce qu’ils nous veulent ?
TARRUS : Nous n’avons pas le temps pour ça.
HUSKER : J’ai compris. C’est Roxane qui t’envoie ? C’est typique d’elle ! Même quand elle n’est pas là, elle doit tout contrôler !
TARRUS : Roxane n'a rien à voir avec tout ça.
VISALA : Qui, alors ?
Son regard se posa sur moi, et il prit une grande inspiration avant de me répondre, comme s’il s’était préparé à ce moment toute sa vie.
TARRUS : Ceron. Maintenant suivez-moi. Le temps presse.
A suivre...